Il est rare de voir Franck Nivard, le vainqueur de cinq Prix d'Amérique Legend Race, manifester sa joie en levant le bras au passage du poteau à l'arrivée d'un Groupe 3. Mais cette victoire d'Emeraude de Bais (Repeat Love) dans le Prix du Forez, la première pour elle à ce niveau, a une valeur toute particulière, qui plus est obtenue aux dépens de Gentle deMuze (Perlando), le vainqueur de la Finale du GNT ParisTurf.
"C’est une jument que nous avons achetée à réclamer qui gagne Groupe 3 ! C’est quand même beau, explique-t-il. Jen’aurais pas pensé gagner à ce niveau avec un cheval acheté à réclamer il y a deux ans (N.D.L.R. : avec un bulletin à 23 501 €pour un taux de réclamation de 22 000 €), même si je savais qu’Emeraude de Bais était bonne. Je suis associé avec Herv Carlus, chez qui j'allais monter des galopeurs quand j'étais gamin." Installé à l'époque dans la baie du Mont-Saint-Michel avant de rejoindre le Sud-Ouest, Hervé Carlus est revenu en Normandie à l'heure de la retraite. "J’ai alors demandé à Franck de me trouver un petit cheval, raconte-t-il. C’est moins compliqué qu’au galop où il faut mettre beaucoup, beaucoup d’argent et on a beaucoup plus de chances de s’ensortir au trot, surtout avec quelqu’un comme Franck.
Un jour, il m’a appelé pour medire qu’il avait réclamé une jument, Emeraude donc, qui restait sur plusieurs disqualications de suite. Elle a d’ailleurs continué à galoper ensuite. On a tout changé, Franck l’a mise chez Benjamin (Goetz) qui la baigne, ce qui a tout changé."Franck Nivard revient d'ailleurs sur cette évolution : "Elle a bien progressé et fait toutes ses courses depuis un an. Elle progresse aussi dans ses allures. Elle est beaucoup plus souple, elle s’allonge beaucoup mieux pour finir. Avant, on avait du mal à la lâcher. Elle ne tire pas non plus. En fait, elles’est améliorée avec le temps".Dans les faits, Emeraude Bais a ainsi gagné six courses l'an dernier et commence donc cette nouvelle saison de la meilleure des manières en battant Gentle de Muze qui l'avait devancée le mois dernier. "J’ai été obligé de venir un peu de loin, commente encore le driver lauréat. Surtout j’avais le cheval de Jean-Michel (Bazire) dans mon dos si bien que je pensais que c’était mort. Elle a vraiment été très, très bonne."Ce n'est pas Jean-Michel Bazire qui dira le contraire : "Il est battu par meilleur. Il a un super parcours mais a fait preuve de caractère pour finir". Pas plus d'ailleurs que son entraîneur Benjamin Goetz. "Elle avait repris un peu de fraîcheur depuis sa dernière course, note-t-il. Elle a été forte car elle est venue en face où le vent est vif. Elle a un bon programme avec des courses tous les quinze jours."